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— Le mandat porte le nom d’Arsène Lupin.

— Arsène Lupin et le sieur Nicole ne sont qu’un seul et même personnage.


XII. — L’échafaud


— Je le sauverai, je le sauverai, répétait inlassablement Lupin, dans l’auto qui l’emmenait, ainsi que Clarisse. Je vous jure que je le sauverai.

Clarisse n’écoutait pas, comme engourdie, comme possédée par un grand cauchemar de mort qui la laissait étrangère à tout ce qui se passait en dehors d’elle. Et Lupin expliquait ses plans, plus encore peut-être pour se rassurer lui-même que pour convaincre Clarisse.

— Non, non, la partie n’est pas désespérée. Il reste un atout, un atout formidable, les lettres et les documents que l’ancien député Vorenglade offre à Daubrecq, et dont celui-ci vous a parlé hier matin à Nice. Ces lettres et ces documents, je vais les acheter à Stanislas Vorenglade… le prix qu’il veut. Puis nous retournons à la préfecture et je dis à Prasville : « Courez à la Présidence… Servez-vous de la liste comme si elle était authentique, et sauvez Gilbert de la mort… quitte à reconnaître demain, quand Gilbert sera sauvé, que cette liste est fausse… Allez, et au galop ! Sinon… Eh bien, sinon, les lettres et les documents Vorenglade paraissent demain mardi dans un grand journal. Vorenglade est arrêté. Le soir même on incarcère Prasville ! »

Lupin se frotta les mains.

— Il marchera !… Il marchera !… J’ai senti cela tout de suite en face de lui. L’affaire m’est apparue, certaine, infaillible. Et comme j’avais trouvé dans le portefeuille de Daubrecq l’adresse de Vorenglade… en route, chauffeur, boulevard Raspail !