Page:Leblanc - Le Bouchon de cristal, paru dans Le Journal, 25-09 au 09-11-1912.djvu/214

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— S’il n’y est pas, c’est qu’il est au Havre. J’ai lu cela dans un journal hier. En tout cas notre dépêche le rappellera immédiatement à Paris.

— Et vous croyez qu’il aura assez d’influence ?…

— Pour obtenir personnellement la grâce de Vaucheray et de Gilbert, non. Sans quoi, nous l’aurions déjà fait marcher. Mais il aura assez d’intelligence pour comprendre la valeur de ce que nous lui apportons… et pour agir sans une minute de retard.

— Mais, précisément, vous ne vous trompez pas sur cette valeur ?

— Et Daubrecq, se trompait-il donc ? Est-ce que Daubrecq n’était pas mieux placé que personne pour savoir la toute-puissance de ce papier ? N’en a-t-il pas eu vingt preuves plus décisives les unes que les autres ? Songez à tout ce qu’il a fait, par la seule raison qu’on le savait possesseur de la liste ? On le savait, voilà tout. Il ne se servait pas de cette liste, mais il l’avait. Et, l’ayant, il tua votre mari. Il échafauda sa fortune sur la ruine et le déshonneur des vingt-sept. Hier encore, un des plus intrépides, d’Albufex, se coupait la gorge dans sa prison. Non, soyez tranquille, contre la remise de cette liste, nous pourrions demander ce que nous voudrions. Or, nous demandons quoi ? Presque rien… moins que rien… la grâce d’un enfant de vingt ans. C’est-à-dire qu’on nous prendra pour des imbéciles. Comment ! nous avons entre les mains…

Il se tut, Clarisse, épuisée par tant d’émotions, s’endormait en face de lui.

À huit heures du matin, ils arrivaient à Paris.