Page:Leblanc - Le Bouchon de cristal, paru dans Le Journal, 25-09 au 09-11-1912.djvu/213

Cette page a été validée par deux contributeurs.

y a des bûches de Noël. Mais de là à supposer qu’elle est de mèche avec Daubrecq pour soustraire la liste des vingt-sept à la curiosité légitime du gouvernement, ou aux entreprises d’Arsène Lupin, il y a un précipice ! Remarquez qu’il suffisait, pour introduire là-dedans le bouchon de cristal, de peser un peu sur la bande, comme l’a fait Daubrecq, de la rendre plus lâche, de l’enlever, de déplier le papier jaune, d’écarter le tabac, puis de remettre tout en ordre. Remarquez, de même, qu’il nous eût suffi, à Paris, de prendre ce paquet dans nos mains et de l’examiner pour découvrir la cachette. N’importe ! Le paquet en lui-même, le bloc de maryland confectionné, approuvé par l’État et par l’administration des contributions indirectes, cela c’était chose sacrée, intangible, insoupçonnable ! Et personne ne l’ouvrit.

Et Lupin conclut :

— C’est ainsi que ce démon de Daubrecq laisse traîner depuis des mois sur sa table, parmi ses pipes et parmi d’autres paquets de tabac non éventrés, ce paquet de tabac intact. Et nulle puissance au monde n’eût pu susciter dans aucun esprit l’idée même confuse d’interroger ce petit cube inoffensif. Je vous ferai observer en outre…

Lupin poursuivit assez longtemps ses considérations relatives au paquet de maryland et au bouchon de cristal, l’ingéniosité et la clairvoyance de son adversaire l’intéressant d’autant plus qu’il avait fini par avoir raison de lui. Mais Clarisse, à qui ces questions importaient beaucoup moins que le souci des actes qu’il fallait accomplir pour sauver son fils, l’écoutait à peine, tout entière à ses pensées.

— Êtes-vous sûr, répétait-elle sans cesse, que vous allez réussir ?

— Absolument sûr.

— Mais Prasville n’est pas à Paris.