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Il regarda l’auto qui s’éloignait, puis se fit conduire dans un bureau de poste où il rédigea une dépêche ainsi conçue :

Monsieur Prasville, préfecture
de police, Paris.

Individu retrouvé. Vous apporterai le document demain matin onze heures. Communication urgente. — Clarisse.

À deux heures et demie, Clarisse et Lupin arrivaient en gare.

— Pourvu qu’il y ait de la place ! dit Clarisse qui s’alarmait de tout.

— De la place ! Mais nos sleepings sont retenus.

— Par qui ?

— Par Jacob… par Daubrecq.

— Comment ?

— Dame !… Au bureau de l’hôtel on m’a remis une lettre qu’un exprès venait d’apporter pour Daubrecq. C’étaient les deux sleepings que Jacob lui envoyait. En outre j’ai sa carte de député. Nous voyagerons donc sous le nom de M. et Mme Daubrecq, et l’on aura pour nous tous les égards qui sont dus à notre rang. Vous voyez, chère madame, tout est prévu.

Le trajet, cette fois, sembla court à Lupin. Interrogée par lui, Clarisse raconta tout ce qu’elle avait fait durant ces derniers jours. Lui-même expliqua le miracle de son irruption dans la chambre de Daubrecq, au moment où son adversaire le croyait en Italie.

— Un miracle, non, dit-il. Mais cependant il y eut en moi, quand je quittai San Remo pour Gênes, un phénomène d’ordre spécial, une sorte d’intuition mystérieuse qui me poussa d’abord à sauter du train — et Le Ballu m’en empêcha — et ensuite à me précipiter vers la portière, à baisser la