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que, et entre ses dents introduisit le bout d’ambre.

— Aspire, mon vieux, aspire. Vrai, ce que tu as une drôle de tête, avec ton tampon sur le nez et ton brûle-gueule au bec. Allons, aspire, crebleu, mais j’oubliais de la bourrer, ta pipe ! Où est ton tabac ? Ton maryland préféré ?… Ah ! voici…

Il saisit sur la cheminée un paquet jaune, non entamé, dont il déchira la bande.

— Le tabac de monsieur ! Attention ! l’heure est solennelle. Bourrer la pipe de monsieur, fichtre quel bonheur ! Qu’on suive bien mes gestes ! Rien dans les mains, rien dans les poches…

Il ouvrit le paquet, et, à l’aide de son index et de son pouce, lentement, délicatement, comme un prestidigitateur qui opère en présence d’un public ébahi, et qui, le sourire aux lèvres, les coudes arrondis, les manchettes relevées, achève son tour de passe-passe, en retira, d’entre les brins de tabac, un objet brillant qu’il offrit aux spectateurs.

Clarisse poussa un cri.

C’était le bouchon de cristal.

Elle se précipita sur Lupin et le lui arracha.

— C’est ça, c’est ça ! proféra-t-elle, toute fiévreuse. Celui-là n’a pas d’éraflure à la tige ! Et puis, tenez, cette ligne qui le scinde par le milieu, à l’endroit où se terminent les facettes d’or… C’est ça, il se dévisse… Ah ! mon Dieu, je n’ai plus de forces…

Elle tremblait tellement que Lupin lui reprit le bouchon et le dévissa lui-même.

L’intérieur de la tête était creux, et, dans ce creux, il y avait un morceau de papier roulé en forme de boulette.