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— J’accepte… J’accepte… balbutia-t-elle.

Il rit de nouveau.

— Oui, tu acceptes, parce que cela se passera dans un mois… et d’ici là tu comptes bien trouver quelque ruse, un secours quelconque… M. Arsène Lupin…

— Je jure sur la tête de mon fils…

— La tête de ton fils !… Mais, ma pauvre petite, tu te damnerais pour qu’elle ne tombe pas…

— Ah ! oui, murmura-t-elle en frissonnant, je vendrais mon âme avec joie !

Il se glissa contre elle et, la voix basse :

— Clarisse, ce n’est pas ton âme que je te demande… C’est autre chose… Voilà plus de vingt ans que toute ma vie tourne autour de ce désir. Tu es la seule femme que j’aie aimée… Déteste-moi… Exècre-moi, ça m’est indifférent… mais ne me repousse pas… Attendre ? attendre encore un mois ?… non, Clarisse, il y a trop d’années que j’attends…

Il osa lui toucher la main. Clarisse eut un tel geste de dégoût qu’il fut pris de rage et s’écria :

— Ah ! je te jure Dieu, la belle, que le bourreau n’y mettra pas tant de formes, quand il empoignera ton fils… Et tu fais des manières ! Mais pense donc, cela se passera dans quarante heures ! Quarante heures, pas davantage. Et tu hésites… et tu as des scrupules, alors qu’il s’agit de ton fils ! Allons, voyons, pas de pleurnicheries, pas de sentimentalité stupide… Regarde les choses bien en face. D’après ton serment, tu es ma femme, tu es ma fiancée, dès maintenant… Clarisse, Clarisse, donne-moi tes lèvres…

Elle le repoussait à peine, le bras tendu, mais défaillante. Et, avec un cynisme où se révélait sa nature abominable, Daubrecq, entremêlant les paroles cruelles et les mots de passion, continuait :