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Ah ! le jeu de Daubrecq était clair ! Lupin ne savait-il pas les hésitations de la malheureuse femme ? Ne savait-il pas — et Grognard et Le Ballu le lui confirmèrent de la façon la plus formelle — que Clarisse envisageait comme possible, comme acceptable, le marché infâme projeté par Daubrecq. En ce cas, comment pouvait-il réussir, lui ? La logique des événements, dirigés de si puissante manière par Daubrecq, aboutissait au dénouement fatal : la mère devait se sacrifier et, pour le salut de son fils, immoler ses scrupules, ses répugnances, son honneur même.

— Ah ! bandit, grinçait Lupin avec des élans de rage, si je t’empoigne au collet, tu danseras une gigue pas ordinaire ! Vrai, je ne voudrais pas être à ta place, ce jour-là.

Ils arrivèrent à trois heures de l’après-midi. Tout de suite Lupin eut une déception en n’apercevant pas Clarisse sur le quai de la gare, à Monte-Carlo.

Il attendit aucun messager ne l’accosta.

Il interrogea les hommes d’équipe et les contrôleurs ; ils n’avaient pas remarqué, dans la foule, des voyageurs dont le signalement correspondît à celui de Daubrecq et de Clarisse.

Il fallait donc se mettre en chasse et fouiller les hôtels et les pensions de la principauté. Que de temps perdu !

Le lendemain soir Lupin savait, à n’en pas douter, que Daubrecq et Clarisse n’étaient ni à Monte-Carlo, ni à Monaco, ni au Cap d’Ail, ni à la Turbie, ni au Cap Martin.

— Alors ? Alors, quoi ? disait-il, tout frémissant de colère.

Enfin le samedi, à la poste restante, on leur délivra une dépêche réexpédiée par le patron de l’hôtel Franklin, et qui disait :

« Il est descendu à Cannes et repart pour