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Il sortit, accompagné de Sébastiani, et le lourd battant se referma.

Aussitôt, et d’après un plan conçu durant cette scène, Lupin opéra sa retraite.

Ce plan était simple : dégringoler à l’aide de sa corde jusqu’au bas de la falaise, emmener ses amis avec lui, sauter dans l’auto, et, sur la route déserte qui conduit à la gare d’Aumale, attaquer d’Albufex et Sébastiani. L’issue du combat ne faisait aucun doute. D’Albufex et Sébastiani prisonniers, on s’arrangerait bien pour que l’un d’eux parlât. D’Albufex avait montré comment on devait s’y prendre et, pour le salut de son fils, Clarisse Mergy saurait être inflexible.

Il tira la corde dont il s’était muni, et chercha à tâtons une aspérité du roc autour de laquelle il pût la passer, de manière à ce qu’il en pendît deux bouts égaux qu’il saisirait à pleines mains. Mais, lorsqu’il eut trouvé ce qu’il lui fallait, au lieu d’agir, et rapidement, car la besogne était pressée, il demeura immobile, à réfléchir. Au dernier moment, son projet ne le satisfaisait plus.

— Absurde, se disait-il, ce que je vais faire est absurde et illogique. Qu’est-ce qui me prouve que d’Albufex et Sébastiani ne m’échapperont pas ? Qu’est-ce qui me prouve même qu’une fois en mon pouvoir ils parleront ? Non, je reste. Il y a mieux à tenter… beaucoup mieux. Ce n’est pas à ces deux-là qu’il faut m’attaquer, mais à Daubrecq. Il est exténué, à bout de résistance. S’il a dit son secret au marquis, il n’y a aucune raison pour qu’il ne me le dise pas, quand Clarisse et moi nous emploierons les mêmes procédés. Adjugé ! Enlevons le Daubrecq.

Et il ajouta en lui-même :

— D’ailleurs, qu’est-ce que je risque ? Si je rate le coup, Clarisse Mergy et moi nous filons à Paris et, de concert avec Prasville,