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couperait court à toute explication. Mais il songea que lui non plus n’en saurait pas davantage, et qu’il valait mieux s’en remettre aux événements pour en tirer le meilleur parti.

En bas, cependant, la confession se poursuivait, indistincte, entrecoupée de silences et mêlée de plaintes. D’Albufex ne lâchait pas sa proie.

— Encore… Achève donc…

Et il ponctuait les phrases d’exclamations approbatives.

— Bien !… Parfait !… Pas possible ? Répète un peu, Daubrecq… Ah ! ça, c’est drôle… Et personne n’a eu l’idée ? Pas même Prasville ?… Quel idiot !… Desserre donc, Sébastiani… Tu vois bien que notre ami est tout essoufflé… Du calme, Daubrecq… ne te fatigue pas… Et alors, cher ami, tu disais…

C’était la fin. Il y eut un chuchotement assez long que d’Albufex écouta sans interruption et dont Arsène Lupin ne put saisir la moindre syllabe, puis le marquis se leva et s’exclama d’une voix joyeuse :

— Ça y est !… Merci, Daubrecq. Et crois bien que je n’oublierai jamais ce que tu viens de faire. Quand tu seras dans le besoin, tu n’auras qu’à frapper à ma porte, il y aura toujours un morceau de pain pour toi à la cuisine, et un verre d’eau filtrée. Sébastiani, soigne monsieur le député absolument comme si c’était un de tes fils. Et tout d’abord, débarrasse-le de ses liens. Il ne faut pas avoir de cœur pour attacher ainsi un de ses semblables, comme un poulet à la broche.

— Si on lui donnait à boire ? proposa le garde.

— C’est ça ! Donne-lui donc à boire.

Sébastiani et ses fils défirent les courroies de cuir, frictionnèrent les poignets endoloris et les entourèrent de bandes de toile enduites d’un onguent. Puis Dau-