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l’après-midi, moins distincts, et ce fut tout. Mais soudain, dans le silence, un galop de cheval parvint jusqu’à lui, et quelques minutes plus tard, il vit deux cavaliers qui escaladaient le sentier de la rivière.

Il reconnut le marquis d’Albufex et Sébastiani. Arrivés sur l’esplanade, tous deux mirent pied à terre, tandis qu’une femme, la femme du piqueur sans doute, ouvrait la porte. Sébastiani attacha les brides des montures à des anneaux scellés dans une borne qui se dressait à trois pas de Lupin, et, en courant, il rejoignit le marquis. La porte se ferma derrière eux.

Lupin n’hésita pas, et, bien que ce fût encore le plein jour, comptant sur la solitude de l’endroit, il se hissa au creux de la brèche. Passant la tête, il aperçut les deux hommes et la femme de Sébastiani qui se hâtaient vers les ruines du donjon.

Le garde souleva un rideau de lierre et découvrit l’entrée d’un escalier qu’il descendit, ainsi que d’Albufex, laissant sa femme en faction sur la terrasse.

Comme il ne fallait pas songer à s’introduire à leur suite, Lupin regagna sa cachette. Il n’attendit pas longtemps avant que la porte se rouvrît.

Le marquis d’Albufex semblait fort en courroux. Il frappait à coups de cravache la tige de ses bottes et mâchonnait des paroles de colère que Lupin discerna quand la distance fut moins grande.

— Ah ! le misérable, je l’y forcerai bien… Ce soir, tu entends, Sébastiani… ce soir, à dix heures, je reviendrai… Et nous agirons… Ah ! l’animal !…

Sébastiani détachait les chevaux. D’Albufex se tourna vers la femme :

— Que vos fils fassent bonne garde… Si on essayait de le délivrer, tant pis pour