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Debout, chancelants et blêmes, ils écoutèrent la sentence de mort.

Et, dans le grand silence solennel, où l’anxiété du public se mêlait de pitié, le président des assises demanda :

— Vous n’avez rien à ajouter, Vaucheray ?

— Rien, monsieur le président ; du moment que mon camarade est condamné comme moi, je suis tranquille… Nous sommes sur le même pied tous les deux… Faudra donc que le patron trouve un truc pour nous sauver tous les deux.

— Le patron ?

— Oui, Arsène Lupin.

Il y eut un rire parmi la foule.

Le Président reprit :

— Et vous, Gilbert ?

Des larmes roulaient sur les joues du malheureux ; il balbutia quelques phrases inintelligibles. Mais, comme le Président répétait sa question, il parvint à se dominer et répondit d’une voix tremblante :

— J’ai à dire, monsieur le président, que je suis coupable de bien des choses, c’est vrai… J’ai fait beaucoup de mal et je m’en repens du fond du cœur… Mais, tout de même, pas ça… non, je n’ai pas tué… je n’ai jamais tué… Et je ne veux pas mourir… ce serait trop horrible…

Il vacilla, soutenu par les gardes, et on l’entendit proférer, comme un enfant qui appelle au secours :

— Patron… sauvez-moi !… sauvez-moi ! je ne veux pas mourir.

Alors, dans la foule, au milieu de l’émotion de tous, une voix s’éleva qui domina le bruit :

— Aie pas peur, petit, le patron est là.