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dans tes noirs desseins ? Eh bien, bonne chance, tends tes pièges, jette tes filets, fourbis tes armes et potasse le manuel du parfait cambrioleur de papier pelure. Tu en auras besoin. Sur ce, bonsoir. Les règles de l’hospitalité écossaise m’ordonnent de te mettre à la porte. File.

Lupin demeura silencieux assez longtemps. Les yeux fixés sur Daubrecq, il semblait mesurer la taille de son adversaire, jauger son poids, estimer sa force physique et discuter, en fin de compte, à quel endroit précis il allait l’attaquer. Daubrecq serra les poings et en lui-même prépara le système de défense qu’il opposerait à cette attaque.

Une demi-minute s’écoula. Lupin porta la main à son gousset. Daubrecq en fit autant et saisit la crosse de son revolver… Quelques secondes encore… Froidement, Lupin sortit une bonbonnière d’or, l’ouvrit et la tendit à Daubrecq :

— Une pastille ?

— Qu’est-ce que c’est ? demanda l’autre, étonné.

— Des pastilles Géraudel.

— Pourquoi faire ?

— Pour le rhume que tu vas prendre.

Et profitant du léger désarroi où cette boutade laissait Daubrecq, il saisit rapidement son chapeau et s’esquiva.

— Évidemment, se disait-il en traversant le vestibule, je suis battu à plate couture. Mais, tout de même, cette petite plaisanterie de commis voyageur avait, dans l’espèce, quelque chose de nouveau. S’attendre à un pruneau et recevoir une pastille Géraudel… il y a là comme une déception. Il en est resté baba, le vieux chimpanzé !

Comme il refermait la grille, une automobile s’arrêta, et un homme descendit