— Oh ! oh ! fit-il, comme il faut que tu y tiennes !
— Infiniment, dit Lupin, car je suis persuadé qu’une absence plus longue de son fils, c’est la mort pour Mme Mergy.
— Et cela te bouleverse, Don Juan ?
— Quoi ?
Lupin se planta devant lui et répéta :
— Quoi ? Qu’est-ce que tu veux dire ?
— Rien… rien… une idée… Clarisse Mergy est encore jeune, jolie…
Lupin haussa les épaules.
— Brute, va ! mâchonna-t-il, tu t’imagines que tout le monde est comme toi, sans cœur et sans pitié ; ça te suffoque, hein, qu’un bandit de mon espèce perde son temps à jouer le Don Quichotte ? Et tu te demandes quel sale motif peut bien me pousser ? Cherche pas, c’est en dehors de ta compétence, mon bonhomme. Et réponds-moi, plutôt… Acceptes-tu ?
— C’est donc sérieux ? interrogea Daubrecq, que le mépris de Lupin ne semblait guère émouvoir.
— Absolument. Les quarante-cinq objets sont dans un hangar dont je te donnerai l’adresse, et ils te seront délivrés si tu t’y présentes ce soir, à neuf heures, avec l’enfant.
La réponse de Daubrecq ne faisait pas de doute. L’enlèvement du petit Jacques n’avait été pour lui qu’un moyen d’agir sur Clarisse Mergy, et peut-être aussi un avertissement qu’elle eût à cesser la guerre entreprise. Mais la menace d’un suicide devait nécessairement montrer à Daubrecq qu’il faisait fausse route. En ce cas, pourquoi refuser le marché si avantageux que lui proposait Arsène Lupin ?
— J’accepte, dit-il.
— Voici l’adresse de mon hangar : 95, rue Charles-Laffitte, à Neuilly. Tu n’auras qu’à sonner.