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De fait, en remontant, il fut dépassé par Henriot, le fils du jardinier, qui battait des mains.

— Les voilà ! les soldats de la compagnie de manœuvre !… Ils vont au col du Diable, au pas accéléré. On va les voir de la terrasse.

Il était escorté des autres domestiques, de sa mère, de son petit frère qui agitait les mains comme lui, et, tous, ils traversèrent le salon.

Philippe s’avança jusqu’au bord de la terrasse. Déjà la troupe débouchait en bon ordre. C’étaient de jeunes soldats, dont la plupart, imberbes, avaient presque l’air d’enfants qui s’amusent à défiler. Mais il vit sur leur figure une expression inaccoutumée d’inquiétude et de méfiance. Ils marchaient silencieusement, la tête basse, et comme courbés par la fatigue des manœuvres précédentes.

Un commandement retentit en arrière, que deux sous-officiers reprirent d’une voix brève. Il y eut un certain flottement. Puis la colonne s’élança au pas gymnastique dans la descente qui menait à l’Étang-des-Moines.

Et lorsque les derniers rangs eurent défilé en contre-bas de la terrasse, deux officiers à cheval apparurent que suivait un clairon. L’un d’eux mit promptement pied à terre, jeta