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Philippe rencontra ses yeux de bête traquée, ses pauvres yeux qui imploraient du secours.

— Tu avoues ! Tu avoues ! proféra Jorancé.

Et soudain il se rua sur elle, et Philippe vit, comme dans un cauchemar, Suzanne renversée, secouée par son père, brutalisée par Marthe qui, elle aussi, en un accès de fureur subite, exigeait l’inutile aveu.

La scène fut affreuse et violente. Le Corbier et M. de Trébons s’interposèrent, tandis que Morestal, le poing tendu vers Philippe, criait :

— Je te maudis ! Tu es un criminel ! Laisse-la donc, Jorancé. C’est une malheureuse. Le coupable, c’est lui… Oui, toi, toi, mon fils !… Et je te maudis… je te chasse…

Le vieillard porta la main à son cœur, bredouilla quelques mots encore, demandant pardon à Jorancé et lui promettant de recueillir sa fille, puis il tourna sur lui-même et tomba contre la table, évanoui…

troisième partie

I

— Madame !

— Quoi ! Qu’est-ce qu’il y a ? fit Mme Morestal, réveillée en sursaut.

— C’est moi, Catherine.

— Eh bien !

— On vient de la mairie, madame… On