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Ce fut de la stupeur. Morestal, confondu, ne songea même pas à protester. Évidemment, il considérait son fils comme atteint de folie.

— Vous ne savez rien ? dit le sous-secrétaire, qui ne voyait pas encore clairement le but de Philippe. Cependant, vous avez déclaré avoir entendu l’exclamation de M. Jorancé : « Nous sommes en France… on arrête le commissaire français… »

— Je ne l’ai pas entendue.

— Comment ! comment ! mais vous étiez à trois cents pas en arrière…

— Je n’étais pas là. J’ai quitté mon père au carrefour du Grand-Chêne, et je n’ai ni vu ni entendu ce qui s’est passé après notre séparation.

— Alors, pourquoi avez-vous dit le contraire, monsieur ?

— Je vous le répète, monsieur le ministre, j’ai tout de suite compris, au retour de mon père, l’importance des premières paroles que nous dirions devant le juge d’instruction. J’ai cru que, en appuyant le récit de mon père, j’aiderais à écarter les événements. Aujourd’hui, devant les faits inexorables, je reviens à la simple et pure vérité.

Ses réponses étaient nettes, rapides. Sans aucun doute, il suivait une ligne de con-