Page:Leblanc - La frontière, paru dans l'Excelsior, 1910-1911.djvu/115

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Lorraine, avec mission de contrôler le rapport des agents. L’entente fut aussitôt établie sur ce terrain, et le gouvernement français a désigné comme représentant un des membres du cabinet, M. Le Corbier, sous-secrétaire d’État à l’intérieur, il est possible qu’une entrevue ait lieu entre ces deux personnages. »

Et le journal ajoutait :

« Cette intervention de l’empereur est une preuve de ses sentiments pacifiques, mais ne modifie guère la situation. Si la France a tort, et ce serait presque à souhaiter, elle cédera. Mais s’il est prouvé une fois de plus de notre côté que l’enlèvement a eu lieu sur le territoire français, et si l’Allemagne ne cède pas, qu’adviendra-t-il ? »

VI

Quels que dussent être les résultats de cet effort suprême, c’était un répit accordé aux deux nations. Il y avait là une lueur d’espoir, une possibilité d’arrangement.

Et le vieux Morestal, repris de confiance, déjà victorieux, ne manqua pas de se réjouir.

— Parbleu oui ! conclut-il, tout s’arrangera. Ne te l’ai-je pas toujours dit, Philippe ? Il suffisait d’un peu d’énergie… Nous avons parlé nettement et, aussitôt, sous des apparences de conciliation qui ne trompent personne, l’ennemi dessine un mouvement de retraite. Car, note-le bien, ce n’est pas autre chose…

Et, comme il continuait à lire son journal, il s’écria :

— Ah ! parfait… Je comprends !… Écoute, Philippe, ce petit télégramme qui n’a l’air de rien du tout : « L’Angleterre a rappelé ses escadres et les concentre dans la mer du Nord et dans le Pas-de-Calais. » Ah ! ah ! voilà le mot de l’énigme ! On aura réfléchi… et la réflexion est mère de la sagesse… Et ceci, Philippe, cet autre télégramme qui n’est pas à dédaigner : « Trois cents aviateurs français ont répondu de tous les coins de la France à l’appel enflammé du capi-