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tement. Guillaume n’avait point paru, et les choses s’arrangeaient comme si le départ avait lieu en dehors de lui.

Or, trente secondes ne s’étaient pas écoulées que Raoul qui s’acheminait aussi vers la gare, frappé par une idée subite, se mit à courir, rattrapa le landau sur les anciens boulevards, et s’y agrippa comme il put.

Aussitôt, ce qu’il avait prévu se produisit. Au moment de prendre la rue de la Gare, le cocher tourna subitement vers la droite, cingla ses chevaux d’un vigoureux coup de fouet, et mena sa voiture par les allées désertes et sombres qui aboutissent au Grand-Rond et au Jardin des Plantes. À cette allure, la jeune fille ne pouvait descendre.

La galopade ne fut pas longue. On atteignit le Grand-Rond. Là, brusque arrêt. Le cocher sauta de son siège, ouvrit la portière, et entra dans le landau.

Raoul entendit un cri de femme et ne se pressa point. Persuadé que l’agresseur n’était autre que Guillaume, il voulait écouter d’abord et surprendre le sens même de la querelle. Mais, tout de suite, l’agression lui sembla prendre une tournure si dangereuse qu’il résolut d’intervenir.

— Parle donc ! criait le complice. Alors tu supposes que tu vas décamper et me laisser en plan ?… Eh bien, oui, j’ai voulu te rouler, mais c’est justement parce que tu le sais maintenant que je ne te lâcherai pas… Allons, parle… Raconte… Sinon…