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À son tour, il vacilla, et lorsqu’ils longèrent le monticule, ils titubaient tous deux, livides et terrifiés.

— Oui, oui, pensa Raoul, plein de mépris, si c’est Marescal, ou ses acolytes, qui sont à l’affût derrière le mur, tant mieux ! Qu’on les cueille tous deux ! Qu’on les fiche en prison !

Il était dit que, ce jour-là, les circonstances déjoueraient toutes les prévisions de Raoul, et qu’il serait contraint d’agir presque malgré lui, et, en tout cas, sans avoir réfléchi. À vingt pas de la porte, c’est-à-dire à vingt pas de l’embuscade supposée, l’homme, dont Raoul avait aperçu la tête au sommet du mur, bondit des broussailles qui surplombaient le sentier, d’un coup de poing en pleine mâchoire mit Guillaume hors de combat, s’empara de la jeune fille qu’il jeta sous son bras comme un paquet, ramassa la caisse de violon, et prit sa course à travers le champ d’oliviers, et dans le sens opposé à la maison.

Tout de suite, Raoul s’était élancé. L’homme, à la fois léger et de forte carrure, se sauvait très vite et sans regarder en arrière, comme quelqu’un qui ne doute pas que nul ne pourra l’empêcher d’atteindre son but.

Il franchit ainsi une cour plantée de citronniers qui s’élevait légèrement jusqu’à un promontoire où le mur, haut d’un mètre tout au plus, devait former remblai sur le dehors.

Là, il déposa la jeune fille qu’il fit ensuite glisser à l’extérieur en la tenant par les poignets. Puis il descendit, après avoir jeté le violon.