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nesse de son visage, un visage d’enfant presque, bien qu’elle n’eût certes pas moins de vingt ans, surprit Raoul. Les cheveux, sous la capeline un peu soulevée, étincelaient comme des boucles de métal, et lui faisaient une auréole de gaieté.

Du temps s’écoula. Tout à coup, Raoul entendit la grille de fer qui grinçait, et il vit, de l’autre côté de son monticule, une femme du peuple, qui venait en chantonnant et se dirigeait vers la maison, un panier de linge au bras. La demoiselle aux yeux verts avait entendu, elle aussi. Elle chancela, glissa contre l’arbre, jusque sur le sol, et la blanchisseuse continua son chemin sans avoir aperçu cette silhouette, effondrée derrière le massif d’arbustes qui marquait l’embranchement.

Des instants redoutables s’écoulèrent. Que ferait Guillaume dérangé, en plein vol, et face à face avec cette intruse ? Mais il advint ce fait inattendu que la blanchisseuse pénétra dans la maison par une porte de service, et que, au moment même où elle disparaissait, Guillaume revenait de son expédition, chargé d’un paquet qu’un journal enveloppait et qui avait bien la forme d’une caisse de violon. La rencontre n’eut donc pas lieu.

Cela, l’inconnue tapie dans sa cachette ne le vit pas tout de suite, et, durant l’approche sourde de son complice, qui marchait furtivement sur l’herbe, elle garda le visage épouvanté de Beaucourt, après l’assassinat de miss Bakefield et des deux hommes. Raoul la détestait.

Il y eut une explication brève qui révéla à Guillaume le danger couru.