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choisir le Majestic Palace, au bas de Cimiez.

Il y déjeuna, tout en lisant dans les journaux du pays des récits plus ou moins fantaisistes sur l’affaire du rapide. À 2 heures de l’après-midi il sortait, si transformé de mise et de figure, qu’il aurait été presque impossible à Marescal de le reconnaître. Mais comment Marescal eût-il soupçonné que son mystificateur aurait l’audace de se substituer à miss Bakefield dans le cambriolage annoncé d’une villa ?

— Quand un fruit est mûr, se disait Raoul, on le cueille. Or celui-là me semble tout à fait à point, et je serais vraiment trop bête de le laisser pourrir. Cette pauvre miss Bakefield ne me le pardonnerait pas.

La villa Faradoni est au bord de la route et commande un vaste terrain montueux et planté d’oliviers. Des chemins rocailleux et presque toujours déserts suivent à l’extérieur les trois autres côtés de l’enceinte. Raoul en fit l’inspection, nota une petite porte de bois vermoulu, plus loin une grille de fer, aperçut, dans un champ voisin, une maisonnette qui devait être celle de la blanchisseuse, et revint aux environs de la grande route, à l’instant où une calèche surannée s’éloignait vers Nice. Le comte Faradoni et son personnel allaient aux provisions. Il était 3 heures.

— Maison vide, pensa Raoul. Il n’est guère probable que le correspondant de miss Bakefield, qui ne peut ignorer à l’heure actuelle l’assassinat de sa complice, veuille ten-