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chercher ce trop-plein ? Où trouver ce mécanisme dont le fonctionnement se conjuguait avec le jeu des écluses ?

Raoul n’était pas de ceux qui attendent la mort. Il songeait bien à se précipiter vers l’ennemi malgré tous les obstacles, ou à nager jusqu’aux écluses. Mais qu’une balle le frappât, que la température glacée de l’eau paralysât ses efforts, que deviendrait Aurélie ?

Si attentif qu’il fût à dissimuler aux yeux d’Aurélie l’inquiétude de ses pensées, la jeune fille ne pouvait pas se méprendre sur certaines inflexions de voix ou sur certains silences chargés d’une angoisse qu’elle éprouvait elle-même. Elle lui dit soudain, comme si elle eût été débordée par cette angoisse qui la torturait :

— Je vous en prie, répondez-moi, je vous en prie. J’aimerais mieux connaître la vérité. Il n’y a plus d’espoir, n’est-ce pas ?

— Comment ! Mais le jour baisse…

— Pas assez vite… Et quand il fera nuit, nous ne pourrons plus partir.

— Pourquoi ?

— Je l’ignore. Mais j’ai l’intuition que tout est fini et que vous le savez.

Il dit d’un ton ferme :

— Non… Non… Le péril est grand, mais encore lointain. Nous y échapperons si nous ne perdons pas une seconde notre calme. Tout est là. Réfléchir, comprendre. Quand j’aurai tout compris, je suis sûr qu’il sera temps encore d’agir. Seulement…

— Seulement…

— Il faut m’aider. Pour compren-