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Il frappait du pied ou scandait ses imprécations à coups de poing sur la table. Obéissant à sa nature grossière, il mâchonnait des injures à l’adresse d’Aurélie.

— Regardez-la donc, Brégeac ! Est-ce qu’elle y pense seulement à me demander pardon, elle ? Si vous courbez le front, est-ce qu’elle s’humilie ? Et savez-vous pourquoi ce mutisme, cette énergie contenue et intraitable ? Parce qu’elle espère, encore, Brégeac ! Oui, elle espère, j’en ai la conviction. Celui qui l’a sauvée trois fois de mes griffes la sauvera une quatrième fois.

Aurélie ne bougeait pas.

Il saisit brusquement le cornet d’un appareil téléphonique, et demanda la préfecture de Police.

— Allô, la préfecture ? Mettez-moi en communication avec M. Philippe, de la part de M. Marescal.

Se tournant alors vers la jeune fille, il lui appliqua contre l’oreille le récepteur libre.

Aurélie ne bougea pas.

À l’extrémité de la ligne, une voix répliqua. Le dialogue fut bref.

— C’est toi, Philippe ?

— Marescal ?

— Oui. Écoute. Il y a près de moi une personne à qui je voudrais donner une certitude. Réponds carrément à ma question.

— Parle.

— Où étais-tu ce matin, à midi ?

— Au Dépôt, comme tu m’en avais prié. J’ai reçu l’individu que Labonce et Tony amenaient de ta part.

— Où l’avions-nous cueilli ?

— Dans l’appartement qu’il habite rue de Courcelles, en face même de Brégeac.

— On l’a écroué ?