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À cet étage, deux chambres étaient meublées encore. Des signes certains permettaient de croire qu’on les avait fouillées. Qui ? Des agents du Parquet ? Brégeac ? Jodot ? Pourquoi ?

Raoul ne s’obstina point. Ce que d’autres étaient venus chercher, ou bien ne s’y trouvait pas, ou bien ne s’y trouvait plus. Il s’installa dans un fauteuil pour y passer la nuit. Éclairé par une petite lanterne de poche, il prit sur une table un livre dont la lecture ne tarda pas à l’endormir.

La vérité ne se révèle qu’à ceux qui la contraignent à sortir de l’ombre. C’est bien souvent lorsqu’on la croit lointaine qu’un hasard vient l’installer tout bonnement à la place qu’on lui avait préparée et le mérite en est justement à la qualité de cette préparation. En s’éveillant, Raoul revit le livre qu’il avait parcouru. Le cartonnage était revêtu d’une espèce de lustrine prélevée sur un de ces carrés d’étoffe noire qu’emploient les photographes pour couvrir leur appareil.

Il chercha. Dans le fouillis d’un placard rempli de chiffons et de papiers, il retrouva l’une de ces étoffes. Trois morceaux y avaient été découpés en rond, chacun de la grandeur d’une assiette.

— Ça y est, murmura-t-il, tout ému. J’y suis en plein. Les trois masques des bandits du rapide viennent de là. Cette étoffe est la preuve irréfutable. Ce qui s’est produit, elle l’explique et le commente.