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— Nous n’avons pas le loisir de marivauder, n’est-ce pas, Aurélie, ni d’effleurer les sujets les uns après les autres. Il faut parler net, sans avoir peur des mots, et pour qu’il n’y ait pas de malentendu. Donc droit au but. Silence sur le passé et sur les humiliations que j’ai subies. Cela ne compte plus. Ce qui compte, c’est le présent. Un point, c’est tout. Or, le présent, c’est l’assassinat du rapide, c’est la fuite dans les bois, c’est la capture par les gendarmes, c’est vingt preuves dont chacune est mortelle pour vous. Et le présent, c’est aujourd’hui, où je vous tiens sous ma griffe, et où je n’ai qu’à vouloir pour vous empoigner, pour vous conduire jusqu’à votre beau-père, et pour lui crier en pleine face, devant témoins : « La femme qui a tué, celle qu’on recherche partout, la voici… et le mandat d’arrêt, je l’ai dans ma poche. Qu’on avertisse les gendarmes ! »

Il leva le bras, prêt, comme il disait, à empoigner la criminelle.

Et, plus sourdement encore, la menace suspendue, il acheva :

— Donc, d’une part, cela, c’est-à-dire la dénonciation publique, les assises et le châtiment redoutable… Et, d’autre part, ceci, qui est le second terme de ce que je vous donne à choisir l’accord, l’accord immédiat, aux conditions que vous devinez. C’est plus qu’une promesse que j’exige, c’est un serment, fait à genoux, le serment qu’une fois de retour, à Paris, vous viendrez me voir, seule, chez moi. Et c’est plus encore, c’est tout de suite la preuve que l’accord est loyal, signé par votre bouche sur