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d’un mariage, qui aurait pour son fils des conséquences si heureuses.

— Jamais elle n’y consentirait ! s’exclama Vérange avec une conviction douloureuse. Au premier mot d’amour, ou même de tendresse, elle s’en irait.

— Alors, quoi, qu’est-ce qui domine la vie de cette femme ?

— L’effroi de ce qui fut et l’horreur de tout ce qui peut ressembler de près ou de loin à une faiblesse quelconque. Cette soirée de Guérande lui à forgé une âme tout d’une pièce, d’un métal pur de tout alliage. Réparer le mal, reconquérir sa propre estime, élever son fils suivant un idéal de devoir qui ne transige sur rien, n’avoir plus jamais à rougir ni à baisser la tête… autant de règles auxquelles Marceline a scrupuleusement obéi. Et c’est un spectacle admirable. Tous deux, la mère et le fils, sont aujourd’hui des êtres d’un caractère si marqué, ils donnent un tel exemple de beauté morale, ils ont, tout en demeurant heureux de vivre et pleins de gaîté, une conception si haute du devoir, qu’à mon insu j’ai été conduit moi-même à réviser beaucoup de mes idées. Tu me demandais tout à l’heure, Gassereaux, quelle influence j’avais subie : tout bonnement l’influence de ce beau spectacle,