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« Moi, comtesse de Cagliostro, j’ordonne… »


Par un dimanche de lourde chaleur, Raoul s’arrêta dans une rue de Chatou, la petite ville qui touche au Vésinet. Une vieille maison à deux étages, située entre cette rue et un jardin potager qui longeait la Seine, offrait des chambres meublées en location.

Il passa devant le café que tenait la gérante, monta au second, et suivit un couloir à demi obscur jusqu’à ce qu’il aperçût la chambre numéro 5.

La clef était sur la porte. Ayant frappé, comme on ne répondait pas, il entra sans bruit.

Faustine, assise sur le pauvre lit de fer qui composait, avec une commode, deux chaises et une table, tout le mobilier de l’humble chambre mansardée, Faustine dormait.

Elle n’avait pas quitté le Vésinet, sa volonté implacable de vengeance la retenant dans la région où Simon Lorient était mort. À la clinique, on l’avait gardée comme infirmière adjointe, mais, la place étant mesurée, elle avait pris une chambre au dehors. Elle y venait coucher chaque soir et s’y enfermait le dimanche.

Ce jour-là, elle avait dû s’endormir en travaillant à son corsage, car ses épaules étaient dénudées, son corsage reposait sur ses genoux, et elle avait encore son dé et une aiguillée de fil. Par-dessus les arbres du jardin, on apercevait, dans le cadre de la fenêtre, un doux paysage de fleuve.