Le problème qui se posait de plus en plus dans l’esprit de Raoul, c’était de savoir comment il se trouvait mêlé à cette horripilante affaire. Il s’acharnait à le résoudre, bâtissait des hypothèses, se frayait des routes ardues dans tous les sens, et aboutissait inévitablement à des obstacles et à des impasses.
Et toujours la même question revenait sous différentes formes :
« Qu’est-ce que je viens faire dans tout cela ? S’il y a deux drames qui se sont accrochés l’un à l’autre — et cela est hors de doute — pourquoi suis-je acteur dans l’un des deux ? Pourquoi ma retraite du Vésinet a-t-elle été troublée ? Et qui donc l’a troublée ? »
Le jour où le hasard voulut qu’il formulât la question sous cette dernière forme, il fut bien obligé de se répondre à lui-même :
— Qui ? mais Félicien, parbleu !
Et il ajouta :
— C’est vrai, après tout. Comment est-il venu ici ? La recommandation du docteur Delattre avait tellement d’importance à mes yeux que je n’ai pris aucun renseignement sur lui ! D’où sort-il ? Qui étaient ses parents ? N’ai-je pas eu la main forcée à mon insu ?
Il consulta son carnet d’adresses : « Docteur Delattre, square de l’Alboni. » Il téléphona. Le docteur était chez lui.
Raoul sauta dans son auto.
Le docteur Delattre, un grand vieillard sec, à barbe blanche, le reçut sur-le-champ, malgré la foule des clients qui attendaient.
— Toujours en bonne santé ?