Page:Leblanc - La Cagliostro se venge, paru dans Le Journal, 1934.djvu/130

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— J’y consens volontiers, dit Raoul gaiement, Mais à qui ai-je l’honneur de parler ? À monsieur le juge d’instruction Rousselain, représentant de la justice, ou à M. Rousselain pêcheur à la ligne, brave homme, dont je connais la raison indulgente, toute de finesse psychologique, et toute d’humanité ? Avec l’un, je serais obligé de me tenir sur la réserve. Avec l’autre, je parlerai à cœur ouvert, et c’est ensemble, et bien d’accord, que nous choisirons ce qui peut être dit publiquement, et ce qui doit rester plus ou moins dans l’ombre.

— Un exemple, monsieur d’Averny ?

— En voici un. Félicien Charles et Rolande Gaverel s’aiment. Il y a deux mois, le soir du drame, si Félicien a pris la barque, ce fut pour aller retrouver Rolande. Et s’il s’est laissé accuser, c’est pour ne pas la compromettre. N’est-ce pas là un secret qui doit rester dans l’ombre ?

M. Rousselain, cœur sensible, eut tout de suite une larme au coin de l’œil, et s’exclama :

— C’est le pêcheur à la ligne qui est ici, monsieur d’Averny. Parlez sans réticence. Et vous pouvez parler d’autant plus librement que l’on a dû me mettre au courant, à la Préfecture, du rôle exact que vous jouez auprès de nous comme collaborateur occasionnel, et des très grands services que vous nous avez ren-