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Le repas fini, ils entrèrent tous quatre dans le studio, vaste pièce, tout intime cependant par l’arrangement des meubles, des bibelots et des livres. Sa fenêtre à l’anglaise, très large, grande ouverte, donnait sur une pelouse étroite qui séparait la villa de l’étang. L’eau immobile, sans un frisson, reflétait des arbres touffus dont les longues branches pendantes venaient rejoindre les branches qui les doublaient au creux du miroir. En se penchant, on apercevait, sur la droite, à soixante mètres, l’autre maison, l’Orangerie, où demeurait l’oncle Philippe. Une haie très basse marquait la limite des deux jardins, mais la bande de gazon courait, ininterrompue, tout le long de l’étang.

Élisabeth et Rolande se tinrent un moment par la main. Elles semblaient s’aimer infiniment. Rolande surtout témoignait d’un grand désir de se dévouer et aussi d’une constante inquiétude. La santé d’Élisabeth, après sa maladie, exigeait encore certaines précautions.

La laissant avec son fiancé, Rolande se mit au piano et appela près d’elle Félicien Charles, qui chercha d’abord à se dérober.

— Vous m’excuserez, mademoiselle, mais nous avons déjeuné plus tard, aujourd’hui, et mon travail commence chaque jour à la même heure.

— Votre travail ne vous laisse-t-il pas toute liberté ?

— C’est justement parce que je suis libre que je dois être exact. D’autant que M. d’Averny arrive demain à la première heure. Il voyage toute la nuit en auto.

— Quelle chance de le revoir ! dit-elle. Il est si sympathique, si intéressant !

— Vous comprenez alors mon désir de le contenter.