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L’AIGUILLE CREUSE
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— Eh quoi ! Que devenez-vous, jeune homme ? Vous dormez ?

— Je ne dors pas. Je réfléchis.

— Depuis ce matin ?

— Depuis ce matin.

— Il s’agit bien de réfléchir ! Il faut voir d’abord. Il faut étudier les faits, chercher les indices, établir les points de repère. C’est après que, par la réflexion, on coordonne tout cela et que l’on découvre la vérité.

— Oui, je sais… c’est la méthode usuelle… la bonne sans doute. Moi, j’en ai une autre… je réfléchis d’abord, je tâche avant tout de trouver l’idée générale de l’affaire, si je peux m’exprimer ainsi. Puis j’imagine une hypothèse raisonnable, logique, en accord avec cette idée générale. Et c’est après, seulement, que j’examine si les faits veulent bien s’adapter à mon hypothèse.

— Drôle de méthode ! et rudement compliquée !

— Méthode sûre, monsieur Filleul, tandis que la vôtre ne l’est pas.

— Allons donc, les faits sont les faits.

— Avec des adversaires quelconques, oui. Mais pour peu que l’ennemi ait quelque ruse, les faits sont ceux qu’il a choisis. Ces fameux