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L’AIGUILLE CREUSE

— Ah ! murmura le jeune homme malgré tout confondu… Mlle de Saint-Véran.

— Non, non, protesta Lupin, Mme Arsène Lupin ou plutôt, si vous préférez, Mme Louis Valméras, mon épouse en justes noces, selon les formes légales les plus rigoureuses. Et grâce à vous, mon cher Beautrelet.

Il lui tendit la main.

— Tous mes remerciements… et, de votre part, je l’espère, sans rancune.

Chose bizarre, Beautrelet n’en éprouvait point de la rancune. Aucun sentiment d’humiliation. Nulle amertume. Il subissait si fortement l’énorme supériorité de son adversaire qu’il ne rougissait pas d’avoir été vaincu par lui. Il serra la main qu’on lui offrait.

— Madame est servie.

Un domestique avait déposé sur la table un plateau chargé de mets.

— Vous nous excuserez, Beautrelet, mon chef est en congé, et nous serons contraints de manger froid.

Beautrelet n’avait guère envie de manger. Il s’assit cependant, prodigieusement intéressé par l’attitude de Lupin. Que savait-il au juste ? Se rendait-il compte du danger qu’il courait ? Ignorait-il la présence de Ganimard et de ses hommes ?…