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L’AIGUILLE CREUSE

teuil le petit Georges était étendu, immobile.

— Eh bien quoi ! il dort !…

— Il s’est endormi subitement, madame, dit la bonne. J’ai voulu l’en empêcher, le porter dans sa chambre. Il dormait déjà, et ses mains… ses mains étaient froides.

— Froides ! balbutia la mère… oui, c’est vrai… ah ! mon Dieu, mon Dieu… pourvu qu’il se réveille !

Beautrelet glissa ses doigts dans une de ses poches, saisit la crosse de son revolver, de l’index agrippa la gâchette sortit brusquement l’arme, et fit feu sur Massiban.

D’avance, pour ainsi dire, comme s’il épiait les gestes du jeune homme, Massiban avait esquivé le coup. Mais déjà Beautrelet s’était élancé sur lui en criant aux domestiques :

— À moi ! c’est Lupin !…

Sous la violence du choc, Massiban fut renversé sur un des fauteuils d’osier.

Au bout de sept ou huit secondes, il se releva, laissant Beautrelet étourdi, suffoquant et tenant dans ses mains le revolver du jeune homme.

— Bien… parfait… ne bouge pas… t’en as pour deux ou trois minutes… pas davantage… Mais vrai, t’as mis le temps à me reconnaître. Faut-il que je lui aie bien pris sa tête, au Massiban ?…

Il se redressa, et d’aplomb maintenant sur