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L’AIGUILLE CREUSE

marbre, les deux poings au menton, il regarde son image que lui renvoie la glace.

Il ne pleure plus, il ne veut plus pleurer, ni se tordre sur son lit, ni se désespérer, comme il le fait depuis deux heures. Il veut réfléchir, réfléchir et comprendre.

Et ses yeux ne quittent pas ses yeux, dans le miroir, comme s’il espérait doubler la force de sa pensée en contemplant son image pensive, comme s’il espérait trouver au fond de cet être-là l’insoluble solution qu’il ne trouve pas en lui.

Jusqu’à six heures il reste ainsi. Et c’est peu à peu que, dégagée de tous les détails qui la compliquent et l’obscurcissent, la question s’offre à son esprit toute sèche, toute nue, avec la rigueur d’une équation.

Oui, il s’est trompé. Oui, son interprétation du document est fausse. Le mot « aiguille » ne vise point le château des bords de la Creuse. Et, de même, le mot « demoiselles » ne peut pas s’appliquer à Raymonde de Saint-Véran et à sa cousine, puisque le texte du document remonte à des siècles.

Donc tout est à refaire.

Comment ?

Une seule base de documentation serait solide : le livre publié sous Louis XIV. Or, des