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L’AIGUILLE CREUSE

de Paris, à raison de deux élèves par classe de rhétorique. La presse entonna des hymnes. Et le banquet fut ce qu’il ne pouvait manquer d’être, une apothéose.

Mais une apothéose charmante et simple, parce que Beautrelet en était le héros. Sa présence suffit à remettre les choses au point. Il se montra modeste comme à l’ordinaire, un peu surpris des bravos excessifs, un peu gêné des éloges hyperboliques où l’on affirmait sa supériorité sur les plus illustres policiers… un peu gêné, mais aussi très ému.

Il le dit en quelques paroles qui plurent à tous et avec le trouble d’un enfant qui rougit d’être regardé. Il dit sa joie, il dit sa fierté. Et vraiment, si raisonnable, si maître de lui qu’il fût, il connut là des minutes d’ivresse inoubliables. Il souriait à ses amis, à ses camarades de Janson, à Valméras, venu spécialement pour l’applaudir, à M. de Gesvres, à son père.

Or, comme il finissait de parler et qu’il tenait encore son verre en main, un bruit de voix se fit entendre à l’extrémité de la salle, et l’on vit quelqu’un qui gesticulait en agitant un journal. On rétablit le silence, l’importun se rassit, mais un frémissement de curiosité se propageait tout autour de la table, le jour-