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L’AIGUILLE CREUSE

jour ses deux autres victimes, Ganimard et Herlock Sholmès, réapparurent. Leur retour à la vie de ce monde manqua, du reste, totalement de prestige. Ce fut un chiffonnier qui les ramassa, quai des Orfèvres, en face de la Préfecture de police, et tous deux endormis et ligotés.

Après une semaine de complet ahurissement, ils parvinrent à reprendre la direction de leurs idées et racontèrent — ou plutôt Ganimard raconta, car Sholmès s’enferma dans un mutisme farouche — qu’ils avaient accompli, à bord du yacht l’Hirondelle, un voyage de circumnavigation autour de l’Afrique, voyage charmant, instructif, où ils pouvaient se considérer comme libres, sauf à certaines heures qu’ils passaient à fond de cale, tandis que l’équipage descendait dans des ports exotiques.

Quant à leur atterrissage au quai des Orfèvres, ils ne se souvenaient de rien, endormis sans doute depuis plusieurs jours.

Cette mise en liberté, c’était l’aveu de la défaite. Et, en ne luttant plus, Lupin la proclamait sans restriction.

Un événement, d’ailleurs, la rendit encore plus éclatante : ce furent les fiançailles de Louis Valméras et de Mlle de Saint-Véran. Dans l’intimité que créaient entre eux les