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L’AIGUILLE CREUSE
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le dévouement de la jeune fille, et de ne pas se servir d’elle pour diriger ses complices. Il y a du flottement, en effet, dans les actes de la bande. Mais il l’aime aussi, et ses scrupules s’atténuent et comme Mlle de Saint-Véran ne se laisse point toucher par un amour qui l’offense, comme elle espace ses visites à mesure qu’elles se font moins nécessaires, et comme elle les cesse le jour où il est guéri… désespéré, affolé de douleur, il prend une résolution terrible. Il sort de son repaire, prépare son coup, et le samedi 6 juin, aidé de ses complices, enlève la jeune fille.

« Ce n’est pas tout. Ce rapt, il ne faut pas qu’on le connaisse. Il faut couper court aux recherches, aux suppositions, aux espérances mêmes : Mlle de Saint-Véran passera pour morte. Un meurtre est simulé, des preuves sont offertes aux investigations. Le crime est certain. Crime prévu d’ailleurs, crime annoncé par les complices, crime exécuté pour venger la mort du chef, et par là même, — voyez l’ingéniosité merveilleuse d’une pareille conception, — par là même se trouve, comment dirai-je ? se trouve amorcée la croyance à cette mort.

« Il ne suffit pas de susciter une croyance, il faut imposer une certitude. Lupin prévoit mon