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L’AIGUILLE CREUSE

lambeaux d’arcs-boutants. Un peu d’air flottait à la surface des choses, glissant à travers les rameaux nus et immobiles des arbres, mais agitant les petites feuilles naissantes des massifs.

Et soudain, le même bruit… C’était vers sa gauche et au-dessous de l’étage qu’elle habitait, par conséquent dans les salons qui occupaient l’aile occidentale du château.

Bien que vaillante et forte, la jeune fille sentit l’angoisse de la peur. Elle passa ses vêtements de nuit et prit les allumettes.

— Raymonde… Raymonde…

Une voix faible comme un souffle l’appelait de la chambre voisine dont la porte n’avait pas été fermée. Elle s’y rendait à tâtons, lorsque Suzanne, sa cousine, sortit de cette chambre et s’effondra dans ses bras.

— Raymonde… c’est toi ?… tu as entendu ?…

— Oui… tu ne dors donc pas ?

— Je suppose que c’est le chien qui m’a réveillée… il y a longtemps… Mais il n’aboie plus. Quelle heure peut-il être ?

— Quatre heures environ.

— Écoute… On marche dans le salon.

— Il n’y a pas de danger, ton père est là, Suzanne.