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L’AIGUILLE CREUSE
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— Après ?

— Après ? Tu t’engageras à rester bien sage. Tu nous embêtes. Laisse-nous tranquilles, et occupe-toi de tes affaires. Nous sommes à bout de patience.

Il s’était avancé, le revolver toujours braqué sur le jeune homme, et il parlait sourdement, en martelant ses syllabes, avec un accent d’une incroyable énergie. L’œil était dur, le sourire cruel.

Beautrelet frissonna. C’était la première fois qu’il éprouvait la sensation du danger. Et quel danger ! Il se sentait en face d’un ennemi implacable, d’une force aveugle et irrésistible.

— Et après ? dit-il, la voix étranglée.

— Après ? rien… Tu seras libre… Nous oublierons…

Un silence. Brédoux reprit :

— Plus qu’une minute. Il faut te décider. Allons, mon bonhomme, pas de bêtises… Nous sommes les plus forts, toujours et partout… Vite, le papier…

Isidore ne bronchait pas, livide, terrifié, maître de lui pourtant, et le cerveau lucide, dans la débâcle de ses nerfs. À vingt centimètres de ses yeux, le petit trou noir du revolver s’ouvrait. Le doigt replié pesait visible-