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L’AIGUILLE CREUSE

Beautrelet éclata de rire.

— Tirez donc là-dessus, Monsieur le comte… tirez là-dessus, comme à la foire… Tenez… ce bonhomme qui porte sa tête à pleines mains.

Le saint Jean-Baptiste sauta.

— Ah ! fit le comte… en braquant son revolver, une telle profanation !… de pareils chefs-d’œuvre !

— Du toc, Monsieur le comte !

— Quoi ? Que dites-vous ? hurla M. Filleul, tout en désarmant le comte de Guesvres.

— Du toc, répéta Beautrelet ! du carton-pâte !

— Ah ! ça… est-ce possible ?

— Du soufflé ! du vide ! du néant !

Le comte se baissa et ramassa un débris de statuette.

— Regardez bien, Monsieur le comte… du plâtre ! du plâtre patiné, moisi, verdi comme de la pierre ancienne… mais du plâtre, des moulages de plâtre… voilà tout ce qui reste du pur chef-d’œuvre… voilà ce qu’ils ont fait en quelques jours !… voilà ce que le sieur Charpenais, le copiste des Rubens, a préparé, il y a un an.

À son tour, il saisit le bras de M. Filleul.

— Qu’en pensez-vous, Monsieur le juge d’ins-