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L’AGENCE BARNETT ET Cie

constitué ? — était si vivante que l’on attendit en silence. Et les trois autres joueurs attendaient aussi, les yeux attachés à cette porte close, derrière laquelle se passait ce qui s’était passé au soir tragique, et derrière laquelle ce n’étaient point Barnett et Béchoux qui jouaient leurs rôles d’assassin et de victime, mais Maxime Tuillier et Paul Erstein qui se trouvaient aux prises.

Puis après de longues minutes, l’assassin — pouvait-on l’appeler autrement ? et n’était-ce pas réellement Maxime Tuillier ? — l’assassin sortit de la rotonde. Titubant, le regard halluciné, il retourna vers ses amis. Il avait les quatre liasses à la main. Il en jeta une sur la table, et de force enfonça les trois autres dans les poches des trois joueurs, en leur disant :

« Paul Erstein, avec qui je viens de m’expliquer, m’a chargé de vous rendre cet argent. Il n’en veut pas. Allons-nous-en. »

La scène prenait fin. Jim Barnett se redressait et redevenait… Jim Barnett. À quatre pas de lui, Maxime Tuillier, le véritable Maxime Tuillier, blême et décomposé, s’appuyait au dossier d’une chaise. Jim Barnett lui dit :

« C’est bien ainsi que les choses ont eu lieu, n’est-ce pas, monsieur Maxime Tuillier ? La scène a été reproduite dans ses points essentiels ? J’ai bien joué le rôle que vous avez joué l’autre soir ? N’est-ce pas, j’ai bien évoqué le crime ? votre crime ? »

Maxime Tuillier semblait ne pas pouvoir entendre. La tête basse, les bras ballants, il avait l’air d’un mannequin que le moindre souffle va faire tomber. Il vacilla comme