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LA PARTIE DE BACCARA

« Je ne puis vous donner aucun espoir, madame. En toute logique, votre mari est coupable. Je vais essayer cependant de donner tort à la logique.

— Voyez mon mari, supplia Mme Fougeraie. Ses explications vous permettront…

— Inutile, madame. Mon assistance n’a de raison que si, dès l’abord, je mets votre mari hors de cause, et si je dirige mes efforts dans le sens de votre conviction. »

L’entretien était terminé. Barnett engagea la lutte sans retard, et, accompagné de l’inspecteur Béchoux, se présenta chez le père de la victime, auquel il dit sans chercher de détours :

« Monsieur Erstein, Mme Fougeraie m’a chargé de ses intérêts. Vous avez toujours l’intention de remettre au Parquet les lettres écrites à votre fils ?

— Aujourd’hui, monsieur.

— Vous n’hésitez pas à compromettre, à perdre la femme qu’il aimait plus que tout ?

— Si le mari de cette femme a tué mon fils, je le regrette pour elle, mais mon fils sera vengé.

— Attendez cinq jours, monsieur. Mardi prochain, l’assassin sera démasqué. »

Ces cinq jours, Jim Barnett les employa d’une manière qui déconcerta bien souvent l’inspecteur Béchoux. Il fit et lui fit faire des démarches insolites, interrogea, mobilisa des tas d’employés subalternes et dépensa beaucoup d’argent. Cependant il ne semblait pas très satisfait et, contrairement à son habitude, se montra taciturne et d’assez méchante humeur.

Le mardi matin, il vit Mme Fougeraie et lui dit :

« Béchoux a obtenu du Parquet qu’on reconstituât