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LA LETTRE D’AMOUR DU ROI GEORGES

vérité. Toutes les personnes de Fontines que vous avez interrogées, ou fait interroger, ont répondu : « M. Leboc ne sort jamais de chez lui dans la journée. À midi, on lui apporte de l’auberge son déjeuner. De une heure à quatre, il lit devant sa fenêtre et fume sa pipe. » Or, il faisait beau ce jour-là. Ma fenêtre était ouverte et cinq passants — cinq — m’ont aperçu… comme chaque après-midi, d’ailleurs, ils m’aperçoivent, à travers la grille de mon jardin.

— Je les ai convoqués pour la fin de la journée.

— Tant mieux, ils confirmeront leurs dépositions, et puisque je n’ai pas le don d’ubiquité et que je ne puis pas être à la fois ici et chez moi, vous admettrez, monsieur le juge, qu’on ne m’a pas vu sortir de la Chaumière, que mon ami Vaucherel n’a pas pu prononcer mon nom en mourant, et que, en définitive, les trois Gaudu sont d’abominables coquins.

— Contre lesquels, n’est-ce pas, vous retournez l’accusation d’assassinat ?

— Oh ! simple hypothèse…

— Cependant une vieille femme, la mère Denise, qui ramassait les fagots, déclare qu’elle causait avec eux à l’instant où se sont élevés les cris.

— Elle causait avec deux d’entre eux. Où était le troisième ?

— Un peu en arrière.

— L’a-t-elle vu ?

— Elle le croit… elle n’est pas très sûre.

— Alors, monsieur le juge, qui vous prouve que le troisième Gaudu n’était pas ici même, en train d’exécuter le coup ? Et qui prouve que les deux autres, postés aux