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LES GOUTTES QUI TOMBENT

l’objet. Vous comprenez, mon ami ? Oui ? En ce cas, sur le côté du tuyau, contre le mur, afin qu’on ne puisse le voir, percez-moi un trou d’environ un centimètre de diamètre… Juste à cet endroit… À merveille ! Ça y est ! Maintenant obturez-moi ce trou avec ce bouchon de caoutchouc. Nous y sommes ? Parfait, mon ami. Il ne me reste plus qu’à vous remercier, et à régler cette petite question entre nous. On est d’accord, n’est-ce pas ? Pas un mot à personne ? Le silence. Tenez, voici de quoi prendre un billet ce soir, à six heures, pour Bruxelles. Et voici trois chèques à toucher là-bas, un par mois. Dans trois mois, liberté de revenir. Adieu, mon ami… » Sur quoi, poignée de main. Et le soir même, ce soir où vous avez entendu du bruit dans votre boudoir, substitution des perles et dépôt des véritables dans la cachette préparée, c’est-à-dire au creux du tuyau ! Et alors vous comprenez ? Se sentant perdu, le baron vous appelle : « Un verre d’eau, je t’en prie. Non, pas de l’eau de la carafe… mais de celle qui est là. » Vous obéissez. Et c’est le châtiment, le châtiment terrible déclenché par votre main qui tourne le robinet. L’eau coule, entraîne les perles, et le baron enthousiasmé marmotte : « Tu entends ? elles s’en vont… elles tombent dans les ténèbres. »

La baronne avait écouté, muette et bouleversée, et cependant, plus que l’horreur de cette histoire où apparaissaient si cruellement toute la rancœur et toute la haine de son mari, elle évoquait une chose qui se dégageait des faits avec une précision effrayante.

« Vous saviez donc ? murmura-t-elle… Vous saviez la vérité ?