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L’AGENCE BARNETT ET Cie

Jim Barnett riait de bon cœur, en tout cas, lui.

« Ah ! le coup du lavabo ! en voilà une trouvaille ! Vaudeville plutôt que drame, d’ailleurs ! Mais combien adroitement charpenté ! Tout de suite, je vous l’avoue, j’ai flairé le truc, et, quand vous m’avez parlé d’un ouvrier plombier, j’ai vu immédiatement le rapport entre la réparation effectuée au lavabo et les projets du baron Assermann. Je me suis dit : « Mais, saperlotte, tout est là ! En même temps que le baron combinait la substitution du collier, il se réservait une bonne cachette pour les vraies perles ! » Car, pour lui, c’était l’essentiel, n’est-ce pas ? S’il vous avait simplement frustrée des perles, pour les jeter dans la Seine comme un paquet sans valeur dont on veut se débarrasser, ce n’eût été qu’une moitié de vengeance. Afin que cette vengeance fût complète, totale, magnifique, il lui fallait garder les perles à sa portée, et les enfouir, par conséquent, dans une cachette toute proche et vraiment inaccessible. Et c’est ce qui fut. »

Jim Barnett s’amusait beaucoup et continuait en riant :

« C’est ce qui fut, grâce aux instructions qu’il donna, et vous entendez d’ici le dialogue entre le compagnon plombier et le banquier : « Dites donc, l’ami, examinez donc ce tuyau de vidange, sous mon lavabo ; il descend jusqu’à la plinthe et s’en va de mon cabinet, de toilette en pente presque insensible, n’est-ce pas ? Eh bien, cette pente, vous allez encore l’atténuer, et vous allez même, ici, dans ce coin obscur, relever un peu le tuyau de manière à former une sorte de cul-de-sac où un objet pourrait au besoin séjourner. Si l’on ouvre le robinet, l’eau coulera, remplira tout de suite le cul-de-sac et entraînera