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L’AGENCE BARNETT ET Cie

la rivière et fouilla le cadavre pour lui enlever le reçu, puis il saisit vivement le bout du câble qui pendait, attira tout le câble vers lui et alla jeter cette pièce à conviction dans quelque puits… où la justice le retrouverait aisément. »

Maintenant l’accusation se déplaçait. Le fils, après le père, devenait l’accusé. Un lien logique, certain, irréfutable, unissait le passé au présent.

Cazévon essaya de se dégager, et se révoltant soudain contre l’homme lui-même plutôt que contre ses paroles, il s’écria :

« J’en ai assez de tout ce système incohérent d’explications commodes et d’hypothèses saugrenues. Fichez-moi le camp d’ici. J’avertirai M. Béchoux que je vous ai mis à la porte, comme un maître chanteur que vous êtes.

— Si j’avais voulu vous faire chanter, dit en riant Barnett, j’aurais commencé par exhiber mes preuves. »

Cazévon proféra, hors de lui :

« Vos preuves ! Est-ce que vous en avez ? Des mots, oui, des balivernes ! Mais une preuve, une seule preuve qui vous permette de parler… allons donc ! Des preuves ? Il n’y en a qu’une qui serait valable ! Il n’y en a qu’une qui nous confondrait mon père et moi !… tout votre échafaudage de sottises s’écroule si vous ne l’avez pas, celle-là, et vous n’êtes qu’un mauvais plaisant !

— Laquelle ?

— Le reçu, parbleu ! Le reçu signé de mon père.

— Le voici, dit Barnett en déployant une feuille de papier timbré aux plis usés et jaunis. C’est bien l’écriture de votre père, n’est-ce pas ? Et le texte est formel ?