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L’AGENCE BARNETT ET Cie

— En quoi donc ? dit Barnett ingénument.

— S’il avait touché cette somme, mon père l’eût annoncé en toute loyauté.

— Pourquoi ? Il n’était pas obligé de révéler autour de lui le remboursement d’un prêt qu’il avait effectué à titre personnel. »

Georges Cazévon frappa du poing sur son bureau.

« Mais il n’aurait pas, deux semaines plus tard, c’est-à-dire quelques jours après la mort de son débiteur, fait valoir ses droits sur le domaine de Mazurech !

— C’est ce qu’il fit cependant.

— Voyons, voyons ! c’est fou ce que vous dites là. Il faut de la logique, monsieur, quand on se permet de telles affirmations. En admettant que mon père eût été capable de réclamer une somme déjà touchée, il aurait craint qu’on ne lui opposât ce reçu !

— Peut-être a-t-il appris, scanda négligemment Barnett, que personne n’en avait connaissance et que les héritiers ignoraient le remboursement. Et comme il tenait à ce domaine, m’a-t-on dit, qu’il avait juré de le conquérir, il succomba. »

Ainsi, peu à peu, avec les insinuations sournoises et tenaces de Jim Barnett, l’affaire changeait de visage. Le père Cazévon mis en cause était accusé de félonie et d’escroquerie. Frémissant de colère, très pâle, Georges Cazévon serrait les poings et observait avec stupeur ce subalterne qui, d’un ton placide, osait présenter les faits sous un jour abominable.

« Je vous défends de parler ainsi, mâchonna-t-il. Vous dites des choses au hasard.

— Au hasard ? Mais non, je vous assure. Rien de ce que j’avance qui ne soit absolument réel. »