Page:Leblanc - L’Agence Barnett et Cie, 1933.djvu/135

Cette page a été validée par deux contributeurs.
127
LE HASARD FAIT DES MIRACLES

Barnett reprit :

« Vous croyez donc, en définitive, qu’il mourut au cours d’un nouvel essai ?

— Oui.

— La corde n’est plus où il l’avait mise ?

— Si.

— Alors quelle preuve ?…

— Cette détonation. Georges Cazévon, ayant surpris mon frère, aura tiré.

— Oh ! Oh ! s’écria Barnett, vous pensez que Georges Cazévon est capable d’agir ainsi ?

— Oui. C’est un impulsif, qui se domine, mais que sa nature peut pousser à des excès de violence… au crime même.

— Pour quel motif aurait-il tiré ? Pour dérober à votre frère l’argent conquis ?

— Je ne sais pas, dit Mlle d’Alescar. Et je ne sais pas non plus comment le meurtre a pu être commis, puisque le corps de mon pauvre Jean n’offrait aucune trace de blessure. Mais ma certitude est entière, absolue.

— Soit, mais avouez qu’elle est fondée sur une intuition plutôt que sur des faits, observa Barnett. Et je dois vous dire que, sur le terrain judiciaire, cela ne suffit point. Il n’est pas impossible, n’est-ce pas, Béchoux, que Georges Cazévon, excédé, vous attaque en diffamation. »

Mlle d’Alescar se leva.

« Il importe peu, monsieur, répliqua-t-elle gravement. Je n’ai pas parlé pour venger mon pauvre frère, à qui le châtiment du coupable ne rendrait pas la vie mais pour dire ce que je crois être la vérité. Si Georges Cazévon m’attaque, libre à lui : je répondrai cette fois encore selon ma conscience. »