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L’AGENCE BARNETT ET Cie

étonnement un peu dédaigneux et continua sans répondre :

« Nous vécûmes donc seuls, Jean et moi, dans ce petit manoir, en face du donjon et du château, qui avaient appartenu de tous temps à nos ancêtres. Ce fut pour Jean une peine qui grandissait avec les années, à mesure que se développaient son intelligence et sa sensibilité d’adolescent. Il souffrait vraiment d’avoir été chassé de ce qu’il considérait comme son fief. Au milieu de ses jeux et de son travail, il se réservait des journées entières pour dépouiller nos archives, pour lire les livres qui parlaient de notre famille. Et c’est ainsi qu’un jour, il découvrit, dans un de ces livres, un feuillet où notre père notait les comptes de ses dernières années et marquait les sommes qu’il avait mises de côté, à force d’économies et à la suite d’heureuses opérations de terrains. Il y avait là des reçus d’une banque. J’allai à cette banque et j’appris que mon père, une semaine avant sa mort, avait éteint son compte de dépôt et retiré deux cents billets de mille francs auxquels ce dépôt avait fini par atteindre.

— Justement la somme qu’il devait rembourser quelques semaines plus tard. Pourquoi donc a-t-il différé ce remboursement ?

— Je ne sais pas.

— Et pourquoi ne remboursait-il pas avec un chèque ?

— Je l’ignore. Mon père avait ses habitudes.

— Donc, selon vous, il aura mis ces deux cent mille francs à l’abri ?

— Oui.

— Mais à quel endroit ?

Élisabeth d’Alescar tendit à Barnett et à Béchoux un