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LE HASARD FAIT DES MIRACLES

— Oui.

— Sur quelles preuves vous appuyez-vous, voilà ce que l’inspecteur Béchoux vous demande. »

Élisabeth réfléchit quelques secondes. On sentait qu’il lui était pénible d’évoquer des souvenirs affreux. Pourtant elle se décida et dit :

« Je parlerai donc. Et pour cela il me faut rappeler un événement qui remonte à vingt-quatre années. À cette époque, mon père fut ruiné par la fuite de son notaire et dut, pour payer ses créanciers, s’adresser à un riche industriel de Guéret. Celui-ci prêta deux cent mille francs à la seule condition que le château, le domaine et nos terres de Mazurech lui appartiendraient s’il n’était pas remboursé cinq ans plus tard.

— Cet industriel était le père de Georges Cazévon ?

— Oui.

— Il tenait à ce château ?

— Extrêmement. Plusieurs fois il avait voulu l’acheter. Aussi, quatre ans et onze mois plus tard, lorsque mon père mourut d’une congestion cérébrale, il prévint notre oncle et tuteur que nous avions un mois pour nous libérer. Mon père n’avait rien laissé. On nous expulsa, Jean et moi, et nous fûmes recueillis précisément par notre oncle qui habitait ce manoir et qui n’avait lui-même que de très petites rentes. Il mourut presque aussitôt, ainsi que M. Cazévon père. »

Barnett et Béchoux avaient écouté attentivement et Barnett insinua :

« Mon ami l’inspecteur Béchoux ne voit pas bien en quoi tout ceci se rattache aux événements d’aujourd’hui. »

Mlle d’Alescar regarda l’inspecteur Béchoux avec un